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l-homme-aux-papillons.jpgJe viens tout juste de terminer le roman de David Moitet « L’homme aux Papillons » édité par Les Nouveaux Auteurs et qui a remporté le Grand Prix Femme Actuelle dans la catégorie thriller. Je dois dire que c’est un prix amplement mérité tant la structure est habile et le suspense permanent. Mais avant d’aller plus en avant voici le résumé de l’éditeur :

 

Etes-vous prêt à accompagner Alex Ablance dans sa descente aux enfers ?

  

À 31 ans, Alex Ablance est un jeune chef de groupe de la prestigieuse brigade criminelle et mène une vie presque parfaite. Un appel anonyme plonge l'enquêteur du 36 quai des Orfèvres au coeur d'une curieuse mise en scène. On a découvert son nom sur un cadavre ! Le mort, affublé d'un costume flambant neuf, tient entre ses mains une enveloppe contenant un poème et une photo déchirée...

Ablance se lance sur les traces du mystérieux poète, mais les apparences sont parfois trompeuses... Il lui faudra affronter ses propres démons, et échapper à ses collègues pour faire éclater la vérité, au risque de réveiller un passé qu'il ne soupçonnait pas.

 

Puisque j’ai l’auteur sous la main, vous pensez bien que je ne peux résister à l’envie de lui poser quelques questions ! Alors allons-y !

 

 

 

 

David, avant de commencer je tenais à te féliciter pour ce prix que tu a obtenu avec une note moyenne excellente de 8,28 sur 10 comme on peut le voir affiché sur le site des NA. Il s’agit donc de ton premier roman publié, mais s’agit-il de ton premier roman écrit ?

 

 Tout d’abord, je tenais à te saluer, FX, ainsi que les lecteurs de Threeleurre, qui ont pour les plus anciens pu suivre en direct notre attente fébrile des résultats du concours VSD… 

Pour répondre à ta première question, L’homme aux papillons n’est pas le premier roman que j’aie écrit. Le premier est Apoptose, celui qui a remporté le prix du jury du concours VSD. L’homme aux papillons est mon troisième roman, car j’ai écrit entre les deux la suite d’Apoptose, Sphère d’ombre, qui je l’espère sortira un jour…

 

 

A quel moment as-tu été piqué par l’écriture ? D’où te vient cette envie de raconter des histoires, et en particulier des thrillers ?

 
Bizarrement, c’est une envie plutôt tardive… J’ai toujours été fan de lectures policières, Sf et fantastiques, mais je n’avais pas envisagé de passer de l’autre côté du miroir, jusqu’à ma rencontre avec un prof de français, à la fac, à la fin de mes études pour devenir professeur d’EPS.

Ce prof nous donna un jour un exercice peu commun : écrire la suite d’un récit d’aventure en pleine jungle sud-américaine. Ce travail, à des lieues de ce que l’on faisait d’habitude lors de nos cours (qui visaient à perfectionner nos dissertations), m’a replongé dans mon enfance, quand le français à l’école demandait plus d’imagination que de rigueur… J’ai adoré. Le prof aussi…

C’est là que je me suis dis… et pourquoi pas moi ?

Une fois l’idée bien ancrée en moi, le polar s’est naturellement imposé. Mais j’envisage sérieusement d’écrire du fantastique et de la SF.

 

 

D’une manière générale, comment t’organises-tu pour écrire ? Es-tu plutôt du matin ou du soir ? Combien d’heures par jour ? Depuis combien de temps écris-tu ?

 

 J’écris depuis sept ans environ, de façon totalement irrégulière… mais soutenue. L’écriture est pour moi un pur plaisir, et je ne conçois pas le fait de m’installer devant une table pendant des heures si l’envie n’est pas là…

Mes projets ne me quittent pas, et chaque trajet en voiture, chaque film, chaque documentaire à la télé peut faire naître une idée. Je note ces idées, puis petit à petit, je construis mon histoire autour d’un axe fort. Cela peut prendre des mois, voire plus… Lorsque je considère que le scénario tient la route, je me lance dans l’écriture. Le plus difficile est de concilier cette phase très chronophage avec mes autres activités : ma vie de famille, mon job, et un peu de sport pour garder la forme… Durant ces périodes, je peux écrire 8 heures par jour… ou plutôt par nuit…

 

 

Je crois savoir aussi que tu t’es lancé dans la recherche d’éditeurs avant de t’inscrire aux concours des NA. Pourrais-tu nous faire un petit bilan de cette expérience ?

 

 Cette expérience, comme tu dis, fut longue… J’ai évidemment envoyé mes deux premiers romans à tous les éditeurs, en commençant par les « gros », puis les « moyens », puis les petits, sans grand succès. J’ai reçu quelques courriers personnalisés, et un grand nombre de « refus types », sans la moindre justification. Il est toujours difficile d’encaisser ces réponses impersonnelles, qui nous font parfois penser que le livre n’a même pas été lu. Difficile aussi de se remettre en question quand on n’a pas de pistes pour orienter son travail…

C’est pourquoi j’ai décidé il y a deux ans de ne plus envoyer de manuscrits par la poste, et de me consacrer uniquement à des concours avec édition à la clé. Ces concours ne sont pas nombreux, et les places sont chères, mais cette année, la chance m’a souri !

 

 

Revenons sur les prix que tu as pu recevoir avec ce roman ainsi qu’avec Apoptose (lors du prix VSD du polar). Peux-tu revenir sur ces évènements et nous décrire comment tu as vécu ces bonnes nouvelles ?

 

 Avant tout, il faut savoir que ces prix fonctionnent un peu à la manière d’un concours de saut en hauteur : on franchit les paliers un par un, d’abord présélectionné, puis mis en lecture, puis finaliste, et enfin primé… A chaque nouvelle phase, un immense espoir vous envahit : vous vous rapprochez du but… Seulement, c’est un peu comme aux jeux olympiques : il y a les trois ou quatre primés, les deux ou trois autres auteurs édités, et pour les autres, la maigre (mais importante) compensation de voir son livre critiqué de façon précise par une dizaine de lecteurs.

Si au début on se dit qu’être finaliste est déjà une grande chance, et de recevoir un contrat une plus grande chance encore, je ne peux cacher que l’attrait exercé par l’obtention d’un prix se fraye très vite un chemin, pour devenir une idée fixe !

Ceux qui ont suivi nos échanges sur Threeleurre ont pu le constater : nous, les finalistes, étions devenus accros, attendant la moindre info avec impatience, mais il faut bien le préciser, dans une super ambiance…

Evidemment, quand le téléphone résonne, et que le numéro des nouveaux auteurs (que j’avais appris par cœur) s’affiche… le cœur prend quelques accélérations. L’annonce du prix reste un grand moment : même si je garde la tête sur les épaules, et que la route est encore longue avant de pouvoir me considérer comme un véritable écrivain, ce jour marque un tournant : je ne suis plus à la recherche d’un éditeur, mais EDITE !

 

 

Je crois savoir que tu habites dans la Sarthe et je voulais savoir ce qui t’avait amené à choisir Paris et Chambéry comme lieux de l’action de « L’homme aux papillons » (D'autant plus que dans Apoptose, tu retournes dans les montagnes) ?

 

 J’ai vécu quatre ans en banlieue parisienne, et j’avoue que la brigade criminelle a toujours exercé sur moi une sorte de fascination… Mon personnage principal a donc logiquement été un commandant de la crim…

Pour les montagnes (Alpes pour l’Hommes aux papillons et Pyrénées pour Apoptose), c’est le sportif qui parle… Comme tout bon prof d’EPS, je charge la voiture régulièrement pour aller faire de la rando l’été et du ski l’hiver, et les régions où j’ai passé mes vacances m’ont beaucoup inspiré. Quoi de mieux que des montagnes inaccessibles pour créer une ambiance ?

 

 

J’ai été particulièrement impressionné par la structure que je trouve très efficace et j’ai particulièrement apprécié un passage quand tu amènes l’enquêteur Alex Ablance chez le guide de haute montagne pour retrouver ensuite le policier catapulté 18 heures plus tard dans les bureaux de l’IGS (la police des polices) sans autre transition. Je trouve l’effet très réussi par le nombre de questions qui peuvent naître dans la tête du lecteur et de la curiosité que cela suscite. Est-ce que c’est quelque chose que tu avais préparé dès la structure de ton roman avant d’attaquer l’écriture à proprement parler ou bien as-tu décidé d’effectuer ce pont dans le récit au moment de l’écriture ?

 

 La structure, qui constitue la base de l’histoire, est très importante pour moi. Je la travaille très longtemps avant de me lancer dans l’écriture, et j’avoue que c’est la phase qui me plait le plus : laisser son imagination prendre des centaines de chemins pour finalement essayer de ne garder que le meilleur… Pour répondre directement à ta question, oui, j’avais prévu ce « saut dans le fil du récit » pour faire naître chez le lecteur des interrogations… à commencer par la suivante : et si ce flic, qui perd pied peu à peu, n’était pas aussi innocent qu’il en a l’air ?

  

 

Tu ouvres le livre sur les problèmes du couple Alex/Sandra concernant notamment leur difficulté à dialoguer. Alex semble ne plus l’aimer mais ne sait pas comment mettre fin à cette relation et Sandra se lance alors dans un chantage malsain qui nuit au couple puisque la manipulation est destinée à faire culpabiliser son compagnon. Tu parles ainsi de la rupture dans toute sa complexité, basée sur le respect de l’autre et dans le souci qu’elle soit la moins douloureuse possible. Et en face de cela tu y opposes deux personnages ayant subi une rupture franche et nette sans état d’âme (je ne donne pas plus de détails volontairement pour préserver l’intrigue). Est-ce volontaire ? 

 

 J’aime que mes personnages aient une vie en dehors du travail… Cela donne plus de crédibilité à l’intrigue, et enrichit l’ensemble du roman. En ce qui concerne les problèmes de couple, les gens qui ont vécu un certain temps ensemble savent bien que ce n’est pas rose tous les jours… Dans mes romans, j’essaie de montrer comment des évènements forts peuvent avoir un impact sur la vie amoureuse ou familiale de mes personnages. La véritable personnalité des gens se révèle souvent dans les moments difficiles, et les personnages peuvent être amenés à prendre des décisions qu’ils n’auraient pas prises dans une période plus calme...

 

 

On sent à la lecture que tu as fait un gros travail de recherche sur la police et la PGHM (Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne), et tu remercies à la fin un médecin légiste. Comment as-tu opéré, organisé tes recherches ? 

 

 Au début, beaucoup par internet, comme tout le monde… Le souci, c’est que l’on ne trouve pas toujours exactement ce que l’on veut. La deuxième phase a été de consulter des livres de médecine légale à la bibliothèque universitaire la plus proche. Là encore, après quelques haut-le-cœur, il me manquait des infos. J’ai donc décroché mon téléphone et laissé un message à un médecin légiste, qui a bien voulu répondre à mes questions, une fois passé le cap de la surprise…

Pour le PGHM, j’avais déjà pas mal d’infos car nous organisons chaque année dans mon collège une classe de neige et nous faisons intervenir des pros de la sécurité en montagne pour en expliquer les dangers aux enfants. J’ai par contre appelé la gendarmerie de Vignec (dans les Pyrénées) pour Apoptose, mon premier roman qui sort en août :

    Bonjour, euh… vous n’avez pas d’urgence ?

    Comment ça pas d’urgence ? répond le gendarme…

    Eh bien, je ne vous dérange pas ?

    Qu’est-ce que vous voulez ?

    J’écris un livre, dont l’intrigue se déroule à Saint Lary, et…

    Pourquoi à St Lary ?

    Euh… J’aime bien le lieu, et j’aurais aimé avoir quelques infos…

    Mmh, je vous passe le chef.

Après cet échange qui reste gravé dans ma mémoire, entre amusement et crainte de mon interlocuteur, le brigadier chef de la gendarmerie a gentiment répondu à mes questions, ce qui m’a permis de clarifier pas mal de choses concrètes et de rendre mon intrigue plus crédible.

 

 

« L’homme aux papillons » en chiffres, ça donne quoi ? (Le nombre de mois qu’il t’a fallu pour l’écrire, le nombre de caractères espaces compris,…) 

 

 Environ un an et demi de travail, surtout le soir, mais uniquement quand j’en avais vraiment envie, 361 000 caractères, des dizaines de relectures, et autant de ramettes de papier… (J’ai horreur de corriger directement sur l’écran). Mais ça en valait la peine.

Un dernier chiffre : la barre des 10000 exemplaires vendus va être franchie pendant l’été, et j’ai de nombreux retours de lecteurs qui font vraiment chaud au cœur…

 

 

Tu termines tout juste la correction de ton second thriller Apoptose, aussi, as-tu d'autres projets en tête ? 

 

 Apoptose est parti à l’impression, et sort le 12 août. J’espère que ce roman va plaire à ceux qui ont aimé L’homme aux papillons !

Pour les projets, ça fourmille ! Peut-être un peu trop…

Je peaufine en ce moment Sphère d’ombre, la suite d’Apopotse, qui est à mon goût le plus original des romans que j’aie écrit, et celui que je préfère... Si Apoptose plait aux lecteurs, Sphère d’ombre sortira peut-être…

Je suis également en train de réécrire plusieurs passages d’un polar glacial, dont une partie de l’intrigue se déroule au pôle nord, dans une base militaire désaffectée. Ma première version était un peu courte, et quelques critiques m’ont permis de mettre le doigt sur des améliorations possibles… D’ici quelques mois, une version quasi définitive de ce roman devrait circuler entre les mains de mon premier cercle de lecture (famille et quelques amis).

J’ai enfin deux ou trois histoires qui se construisent peu à peu, au fil de mes notes, et qui mûrissent, jusqu’à ce que je trouve le temps de me lancer de nouveau dans l’écriture.

Pour résumer, si les lecteurs sont au rendez-vous, je me ferai un plaisir de leur donner des romans à lire !

 

 

Merci à toi David d’avoir bien voulu répondre à mes questions. 

 

Vous pouvez d'ores et déjà retrouver l’auteur sur son site www.david-moitet.fr et tout prochainement chez vos libraires avec la sortie de son deuxième thriller « Apoptose » le 12 août 2010, celui-ci ayant reçu le Prix Spécial du Jury lors du concours VSD du polar.

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